Seul capitaine à bord depuis 2007, cet « autodidacte » – titre du morceau qui clôturait son précédent album – jouait jusqu’à présent les touche-à-tout pour mettre ses textes en musique. Il s’est ici adjoint les services de Jean-Marc Pelatan, multi-instrumentiste lui aussi et ex-compagnon de scène de Batlik. Cette collaboration n’est pas nouvelle, mais cette fois ce sont bien leurs deux portraits qui habillent en siamois la pochette de ce nouvel ep 5 titres. Avec cette mutation en duo, la musique de Morro se muscle tout en restant fidèle à son ossature de base : les textes, un chant singulier, acide et vibrant, et l’importance du groove. La présence renforcée des lignes de basse, des boucles et rythmiques electro confère un aspect plus électrique aux compositions, qui parfois même obliquent vers des tourneries quasi-hypnotiques. Ce nouveau décor sonore est un point d’ancrage idéal pour faire claquer les mots, qui se font plus incisifs, percutants.
On ne parle pas ici de « nouvelle scène française ». Non, Morro s’inscrit plutôt dans cette veine qui, de Noir Désir à Mano Solo, perpétue une certaine idée de la chanson hexagonale. Dans ses textes intuitifs et personnels, la force poétique de son écriture fait la part belle à la musicalité des mots sans en affaiblir le sens, à l’image de l’obsédant « L’état dément », l’un des titres les plus forts du disque. Entre rock et electro, groove funky et chansons à texte, après ses expériences en quartet, trio puis solo, Morro semble avoir trouvé avec ce « duo set » la bonne formule. Magique, souhaitons-le.
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