Sur la pochette, ossements, chaînes et autres objets rouillés se partagent la vedette dans la poussière, la terre, la sciure… ou la cendre ? Dust’n’ashes. Ça commence en ritournelle folk et déjà on tressaille : « You’re not like me ». Une voix, profonde, saisissante, qui s’affirme jusqu’à faire éclater un rock acoustique à l’intensité vibrante. Puissant sans être violent, le folk ternaire de Rotters Damn est martelé sur les fûts boisés d’une batterie inspirée. Habitée et viscérale, la musique de ce pourtant jeune groupe a le goût profond du vécu. Peu à peu s’incrustent des images d’asphalte fondant sous la chaleur de l’Arizona, de vieux baroudeurs en moto, jeans élimés, bandanas noués et tiags fatiguées aux pieds.
Au son, Sir Thomas Ricou sait habilement faire transpirer l’authenticité et la chaleur de la musique du quatuor. Cohérent de bout en bout, ce cinq titres traduit la digestion d’un paquet d’influences, puisées, on l’imagine, au hasard d’une vieille pile de vinyles poussiéreux. Folk « marin » et guitare western, plainte déchirante et caresse d’une ballade que n’aurait pas reniée le vieux Neil (Young), légers contre-chants aux doux accents de Simon & Garfunkel, refuge à l’abri d’un REM fort « testiculé », et rencard final et hypothétique entre Johnny Cash et Herman Düne.
Les mecs donnent tout, les mauvaises langues diront trop. Pour moi, c’est une histoire belle et vallonnée que nous racontent avec sincérité ces gars du « Deep South » (comprenez Château-Gontier). Vous voyez des objections à leur hauteur d’âme, vous ?
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