Amoureux transi de « l’île rouge », Papan’i Miaja publiait le printemps dernier Tout là-bas, un album enregistré avec la crème des musiciens malgaches. À l’occasion de ses prochains concerts lavallois, trois questions à Stéphane Doreau alias Papan’i Miaja.
Comment un Lavallois se convertit à la musique malgache ? Ou dit autrement, comment Stéphane Doreau est devenu Papan’i Miaja ?
Cette « conversion » a démarrée lors de mon premier voyage à Madagascar. La première fois que j’ai entendu la langue de ce pays, je n’en comprenais pas le sens mais c’était déjà toute une musique, tout un poème. Et sans me l’expliquer, je ressentais une attirance pour cette culture, pour ce monde qui me paraissait très différent de tout ce que j’avais pu connaître jusqu’alors (les différences m’attirent). Par la suite les rythmes 6/8 malagasy, et des artistes comme Erick Manana, Jaojoby, Dama Mahaleo, D’Gary et bien d’autres, m’ont donné l’envie de chanter accompagné d’une guitare, un instrument dont l’apprentissage s’est fait progressivement, et de manière autodidacte. Madagascar m’ayant amené à la musique, c’est tout naturellement que j’ai pris le nom de scène « Papan’i miaja » , ce qui veut dire le papa de Miaja (il faut prononcer « miadza »). À Madagascar, on appelle souvent quelqu’un en citant le nom de l’aîné de ses enfants.
Tu as enregistré ton second disque à Madagascar, avec des musiciens locaux de renom. Tu peux nous raconter « l’histoire » de cet album ?
En 2011, je me suis rendu pour un long séjour à Majunga au nord ouest de Madagascar, avec pour objectif l’illustration d’une bande dessinée sur la république utopique de Libertalia… Des amis, connaissant mes goûts musicaux, me proposèrent de m’installer en bord de mer, non loin d’un petit bar de plage fréquenté par des musiciens, comme les percussionnistes Vévé et Rasta, le guitariste Laza, l’artiste Shamara, ou l’étonnant joueur de kabosy Justin Kabosa, avec qui on voyageait la nuit dans des transes musicales qui nous emmenaient bien loin sous le ciel étoilé du canal du Mozambique. De retour à Tana (la capitale), j’ai rencontré Tsila Razaf Andrisoa dit « Dadi », un prodigieux guitariste qui accompagne de nombreux musiciens malagasy de renom, comme par exemple Rajery. Grâce à lui, l’album Tout là-bas a pris une autre dimension. Par son intermédiaire, d’autres musiciens talentueux, comme le percussionniste Rain’s, ont collaboré au projet. Les enregistrements se sont déroulés entre 2012 et 2013 entre Tana et Majunga.
Retrouve-t-on aussi des musiciens malgaches au sein du groupe qui t’accompagne sur scène ?
Le groupe qui m’accompagne en France s’est créé en 2011. Il est composé de musiciens mayennais, à l’exception de la chanteuse Titich qui est malagasy. Il y a Christophe au clavier, Yoann aux percussions, Fabi à la batterie et Jean-Jacques à la basse. Comme beaucoup de groupes, nous jouons dans les bars ou cafés-concerts du département ou des alentours, c’est une expérience parfois difficile mais enrichissante. Pour un timide comme moi, aussi paradoxal que ça puisse paraître, monter sur scène est un bonheur immense.
J’aimerai bientôt rebâtir un projet d’album avec tous les merveilleux musiciens rencontrés à Madagascar, et continuer de partager la route avec mon groupe dans les différentes salles de concert, festivals, lieux d’écoute et de partage, qu’ils soient d’ici, d’ailleurs, de partout, ou tout là-bas…
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