Avide de rencontrer des collectionneurs de disques vinyles, notre discomaniaque poursuit sa quête à la rencontre de « crate diggers » qui vouent aux microsillons une passion dévorante…
Aujourd’hui, visite chez un ami, que j’ai rencontré via mes pérégrinations en brocante en Mayenne. En broc, c’est souvent celui qui arrive le plus tôt sur les bacs qui repart avec les trouvailles les plus intéressantes… Et là-dessus, je dois reconnaître que Philippe, et sa femme Isabelle, m’ont souvent coiffé sur le poteau. Au moins avec eux, je sais que les disques sont en sûreté, et qu’ils sont choyés !
C’est une belle collection de plusieurs milliers de vinyles qu’ils ont accumulé au fil des années, aussi bien en disques français qu’étrangers. L’interview commence dans la pièce où sont rangé et classé leurs trésors.
Te souviens-tu quand tu as commencé à collectionner ?
Philippe : Euh, à vrai dire je crois que c’est quand je suis arrivé à Laval en 1989. Quelques années après, on a du à nouveau déménager (toujours à Laval), car la collection commençait à envahir l’appartement précèdent (rires). Au départ, j’ai commencé par Gainsbourg. Je suis un grand fan de Gainsbourg, de Renaud, Polnareff… Et aussi des Beatles, Santana… J’ai eu la chance d’avoir un collègue de boulot qui avait 10 ans de plus que moi, donc d’une autre génération, et qui écoutait d’autres choses, comme Lynyrd Skynyrd, etc., beaucoup de rock américain, Hendrix, Thin Lizzy…, tous ces trucs-là, que je ne connaissais pas….
Moi j’ai découvert le vinyle avec Piccolo Saxo, les 12 Travaux d’Astérix, le livre de la jungle quoi ! (rires) Les 33 tours de mon enfance !
L’accumulation des disques, ça s’est fait comment ? Frénétiquement ? Par choix ?
Au début, c’était surtout le choix de la découverte. Quand un artiste me plaisait, je voulais découvrir les autres albums. Parfois rien que la pochette me décidait, et puis après on voyait le contenu ! (rires) Après, il y a eu les pictures discs, ça m’a plu tout de suite, et les disques de couleur. Je trouvais ça chouette. La plupart des pictures que j’ai ici ont été trouvés en broc, la plupart il y a 10-15 ans. Maintenant, je ne suis pas sûr qu’on en trouve beaucoup, et si jamais c’est le cas, les prix sont bien souvent inabordables, ou alors ce sont des objets sans grande valeur musicale ou pécuniaire…
Bon, et alors ? Pourquoi le vinyle et pas le CD ?
C’est pas beau un CD ! (rires) Je trouve que c’est quand même plus agréable et esthétique de mettre un disque sur une platine, que de mettre un CD dans son tiroir. Et puis la pochette ! Ça créer une proximité avec l’artiste.
À combien estimes-tu le nombre de disques que tu possèdes ?
Autour de 5000, je pense, plus ou moins. Tout est là, mais il y a aussi des cartons de doubles que je vends en brocante, une fois par an, pour pouvoir en racheter…
Il y a des choses que tu regrettes d’avoir vendues ?
Non, j’ai déjà laissé partir des choses que je n’avais pas en double, mais que je n’écoutais pas. Qui ne m’intéressaient pas musicalement. J’avais entendu un morceau que je trouvais bien, mais le reste de l’album ne me plaisait pas forcement, alors… C’est très personnel, c’est une histoire de goûts, ce n’est pas en rapport avec la valeur de l’artiste.
En parlant de valeur, y a-t-il un, deux, trois disques, qui te sont chers, sans forcément qu’ils aient une grande valeur financière ?
En premier, je citerai L’homme à la tête de choux, de Gainsbourg. C’est intemporel. Pour moi, dans 40 ans, ce disque n’aurait toujours pas pris une ride. Prends Biolay. Je trouve qu’il est très Gainsbourien, dans ses textes, sa musique aussi. Même si il se défend de le copier justement… Ensuite, on reste dans le français, mais j’aime beaucoup le premier Balavoine. Il y aurait aussi Ludwig Von 88, l’album Houlala 2. C’est un des tous premiers groupes que j’ai vu en concert, donc je voulais l’avoir ce disque-là. J’ai mis deux ans avant de le trouver, j’en ai fait des marchands (rires).
Et trois disques que tu emporterais sur une île déserte ?
Il y aurait un Gainsbourg, mais lequel ? Hmmm ? Euh le coffret, ça passe ? (rires). U2, The Joshua Tree en second. Et en troisième ? Hmmm ? Allez, Babylon by bus, de Bob Marley.
Nous n’avons pas beaucoup abordé la musique d’Outre-Manche ou d’Outre-Atlantique ? Tu as quand même un pan de mur de disques anglais ou américains !
Oui… J’aime beaucoup le dernier Wooden Shjips, par exemple, c’est un super album. Au-delà de la qualité musicale, ce qui me plaît beaucoup chez les Anglais ou les Américains, c’est la qualité de la pochette, du design, par rapport à ce qui est produit en France par exemple…
Nous finissons tranquillement l’interview en admirant les trésors entassés dans cet antre du disque. Où viendront se ranger les futures découvertes musicales de Philippe et Isabelle, que je croiserais toujours avec plaisir ces dimanches de brocante, ces matins où l’on discute de cette passion commune. De ces trouvailles inattendues, inespérées, de ces beaux objets qui changent de main. Et qui continuent à faire vibrer nos oreilles de plaisir.
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