Laval Virtual, première manifestation internationale dédiée à la réalité virtuelle et augmentée, fête ses 20 ans, du 4 au 8 avril. Pour l’occasion, le salon initie l’espace artistique Recto Vrso – Art & VR Gallery, expositions et installations questionnant les relations entre l’art et les réalités virtuelle et mixte. Immersion avec Judith Guez, artiste-chercheuse et fondatrice de Recto Vrso.
Vous vous définissez comme artiste-chercheuse dans le champ de l’art numérique. Pouvez-vous nous éclairer sur votre parcours. L’art et la science sont deux domaines qu’on pourrait considérer comme traditionnellement éloignés…
Oui, le cloisonnement des disciplines a en effet donné une certaine « illusion » que l’art et la science sont éloignés. Mais il n’en est rien. Les artistes s’inspirent des découvertes scientifiques pour créer de nouveaux médiums, et inversement les scientifiques peuvent trouver par l’art plus de décloisonnement et de « hors cadre », permettant de nourrir les innovations et la recherche.
Je suis donc favorable à une méthode plus complexe, qui explore les liens avec davantage de recul, afin de faire émerger de nouvelles formes. Et tout mon parcours s’est nourri de cette vision. J’ai changé d’université plusieurs fois en avançant dans un cursus entre art (Paris 8), technologie de l’image (Paris 1) et robotique (Paris 6). Puis j’ai fait une thèse autour de cette méthodologie de croisement des disciplines entre art, science et technologie afin d’explorer le domaine de l’art et de la réalité virtuelle et mixte.
Quel est votre rôle à Laval Virtual, entre démarche scientifique et approche esthétique ?
Autour de cette vision de l’art et la réalité virtuelle et mixte, Laval Virtual m’a fait confiance pour rendre l’art plus visible, et créer un nouveau pan au salon : l’Art & VR Gallery Recto VRso.
Je suis la fondatrice et directrice artistique de ce nouvel espace d’exposition artistique, au sein du salon, afin de créer du lien entre les professionnels de la réalité virtuelle et du monde de l’art, et avec le grand public.
Laval Virtual s’est jusqu’alors principalement intéressé aux technologies innovantes et aux usages du virtuel. Pourquoi avoir choisi cette année d’intégrer la création artistique dans son champ d’action ? Cela traduit-il un renouvellement des formes artistiques, de nouvelles possibilités, que le salon souhaite représenter sur le long terme ?
Depuis 2009, j’expose au Laval Virtual. Car finalement Laval Virtual depuis sa première édition présentait des œuvres aux détours des allées. Que ce soit dans les concours étudiants, autour de l’innovation avec le concours Révolution, ou dans d’autres stands du salon. Chaque année, j’ai nourri cette vision d’échanges entre art, science et technologie, et avec l’écosystème du Laval Virtual. À l’occasion de sa 20e édition, Laval Virtual a soutenu le projet afin de créer Recto VRso. Un espace complètement dédié à l’art.
À l’année, nous développons également un pôle artistique en lien avec le Laval Virtual Center, afin de proposer des résidences et un laboratoire d’exploration de l’art et la réalité virtuelle et mixte. D’une première édition, nous prévoyons donc d’explorer de nouvelles formes artistiques, proches de l’innovation technologique.
Réalité virtuelle, augmentée et mixte. Vous nous éclairez sur ces différents termes pas toujours explicites pour le néophyte ?
La réalité virtuelle est définie comme une immersion dans un monde créé numériquement, imaginaire ou inspiré de la réalité, dans lequel on peut interagir de manière presque naturelle.
La réalité mixte concerne l’interaction en temps réel et l’immersion dans un monde mixte, à la fois réel et virtuel.
On parle de réalité augmentée, lorsqu’un élément virtuel vient s’ajouter et enrichir notre environnement réel.
Quatorze œuvres d’artistes internationaux seront exposées autour du thème matière réelle/matière virtuelle au sein du Recto Vrso In. Vos coups de cœur ? Que pourra-t-on voir sur le versant off et gratuit du festival ?
Quatorze œuvres officielles, sélectionnées par un jury international, sont exposées sur l’esplanade du Château neuf, place de la Trémoille. Ces œuvres proposent des visions différentes, et chacune très originale dans la manière de travailler avec la matière réelle et la matière virtuelle.
Mon coup de cœur, pour cette 20e édition du Laval Virtual, va à un artiste pionnier, qui avant le numérique prônait déjà la participation active du spectateur et les jeux de perception possibles créés par la lumière et le mouvement. Avec le Groupe de recherche d’art visuel (actif dans les années 60), Julio Le Parc rendait l’art plus accessible au public. En 2018, il présente en collaboration avec son fils Juan Le Parc, une œuvre de réalité virtuelle intitulée 7 Alchimies en VR, avec laquelle on plonge dans des « paysages » de couleurs vertigineux.
Un parcours OFF gratuit est accessible dans toute la ville. Au musée d’art naïf et des arts singulier, nous proposons une exposition mettant en regard œuvres d’art numérique et tableaux du musée. Au jardin de la Perrine, il est notamment possible d’expérimenter la limite entre le réel et le virtuel, ou bien de vivre des œuvres d’art pionnières. Sur le Bateau Lavoir, lieu de patrimoine, vous pouvez plonger dans les grottes de Saulges…
Partager sur les réseaux sociaux