Rien de tel, après de bonnes vacances, que d’aller se vider la tête dans un (grand) petit festival. Rien de plus dépaysant qu’une ferme au fin fond de la Mayenne. Surtout lorsqu’il s’agit d’atterrir en Terra Incognita… Entre pop, rock et électro, la sixième édition du festival carrellais a régalé son monde : 1400 spectateurs ont répondu à l’appel de l’inconnu (la programmation, comme d’habitude, alignait en effet une majorité de groupes encore jamais croisés ailleurs).
Petite scène, un trio déchaîné donne le ton. Lysistrata , une pièce d’Aristophane me direz-vous ? En ce vendredi soir, seule la rébellion a su résister au temps. Le dos courbé, penchés sur leurs instruments, Max et Théo se déchaînent respectivement sur leur basse et guitare. Ben, leader du groupe et batteur en manque d’histoires pour les intermèdes, nous fait sourire. Malgré leur manque d’assurance scénique, dès que les trois musiciens de Sainte font rugir leurs amplis, tous nos doutes s’envolent. Manipulant leurs instruments avec brio et donnant seulement de la voix sur certaines chansons, ils nous ont transportés dans le chaos d’une ville inconnue. Mention spéciale pour le puissant « Pierre, feuille, ciseaux », titre instrumental qui se passe très bien de mots pour nous parler.
Chaudement recommandé par un ami proche, le duo Ko Ko Mo est effectivement à voir et à revoir, entre rock moderne et réminiscences seventies. Sur scène, Kevin, batteur torse nu et visage peint façon tribal, accompagné de son compatriote Warren, bassiste doté d’une voix hors du commun, nous propulsent dans un monde psychédélique très « Woodstockien ». Cette voix irréelle et la force du batteur surprennent, et se complètent avec une indicible facilité. Les deux acolytes, arguant d’une présence indéniable, savent se démarquer. Entre maquillage, pas de danse improvisés (un moonwalk entre autre) et grande aisance scénique, impossible de ne pas les remarquer. À aimer sans modération.
Sarah W Papsun, formation exclusivement masculine (pour ne pas changer) va continuer à mettre le feu sur la grande scène. Prévus l’édition précédente, les Parisiens avaient dû annuler leur participation au dernier moment. Les revoici en terres mayennaises, un an après : venus présenter leur nouvel album Marathon, les cinq membres du groupe ont donné le tempo, entre pop et électro. C’était soft, c’était simple, c’était délicieux à écouter. Sur la fin, un petit rappel et voici qu’apparaît sur scène une licorne sachant jouer de la batterie. Chapeau. Bien léchée, l’electro-pop de Sarah W Papsun devrait investir de plus en plus les ondes radiophoniques.
Un sommeil plus ou moins léger et c’est reparti pour un tour. Habillés de blanc, les quatre de Las Aves débarquent sur la grande scène. On ne peut que se laisser planer à l’écoute de leur musique intemporelle, à la fois délicate et poignante. Leurs chansons, montant en puissance, repoussent les limites de ce que nous avons l’habitude d’entendre. Et c’est réconfortant de voir autant d’énergie et d’envie sur scène. Électrique, déterminé, leur show, et notamment les chansons « Léo » et « N.E.M », ont pulvérisé tout ce que nous avons pu découvrir en ce week-end pourtant riche en belles trouvailles.
Ce fut ensuite le tour de Blow, formation hors du commun, d’envahir la petite scène. Un autre groupe extraterrestre, inclassable et hors de l’espace, flottant quelque part entre The XX, M83 ou Caribou. Composé de quatre membres, Quentin, Thomas, Jean-Étienne et Pierre-Élie, ce groupe sort des sentiers battus, pour nous proposer une musique électrisante. Né très récemment (début 216), le quartet poitevin dispose déjà d’une bonne expérience de la scène et prend un plaisir palpable à jouer devant nous, même si d’après eux (confusion classique) la Mayenne est en Bretagne (aaarggh !). On leur pardonnera vite : bouleversés par la voix magique de Quentin, conquis par les pas déchaînes du bassiste, Thomas, et subjugués par leur ferveur et leur enthousiasme.
Petit tour obligé par la Black Box pour terminer en beauté la soirée, et écouter la pulvérisante Ann Clue. Changement de planète, direction une électro pure et minimaliste. Envoûtant, ensorcelant. De son set de 2 heures 30, nous étions loin d’être repu. Il nous fallait encore davantage de ses créations magistrales, qui nous empêchaient de tomber de fatigue, comme le génial « Conscious ». Derrière ses platines, la musicienne allemande était présente plus que jamais, dansant autant que nous. Elle avait autant besoin de notre énergie, que nous de sa musique. Un set qu’on est sans doute pas près de revivre de sitôt, mais dont nous avons profité de chaque seconde.
Avant de se perdre dans la nature pour se retrouver dans un autre festival ou salle de concert, un petit mot à propos de l’association Ça dégomme qui a assuré, dans la prairie, des sets électro enthousiasmants. Bye.
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