De Madagascar à la mer Noire, travelling en compagnie d’Audrey Bénesse, très active directrice artistique d’Atmosphères 53 et programmatrice inspirée du festival Reflets du cinéma.

Gamine, cette Basque revendiquée se rêve romancière. Avant que son cinéphile de père, avec qui elle découvre enfant les films de Fritz Lang, Henri-Georges Clouzot ou Marcel Carné, n’éveille son imaginaire au 7e art. Ado, elle se voit désormais réalisatrice. Après deux concours manqués à la Fémis, prestigieuse école de cinéma, elle réalise qu’elle n’est pas taillée pour le rôle et que l’industrie cinématographique offre bien d’autres métiers, où elle s’accomplirait tout autant. Encore étudiante, elle rencontre et travaille pour le cinéaste Abderrahmane Sissako et son association Des cinémas pour l’Afrique. Coup de foudre. Et deux ans plus tard, départ pour Madagascar. À 24 ans, cette fonceuse entreprenante et enthousiaste se retrouve à la tête de la seule salle de cinéma de la Grande île, au sein de l’Institut français de Tananarive. « Une expérience fondatrice », sur le plan professionnel comme humain.

En 2017, de retour en France, elle finit par entrer à la… Fémis, mais pour se former au métier d’exploitant de salle. « J’avais envie de gérer un lieu ». Une « maison » avec son public, son âme et son identité, ancré dans un quartier ou un territoire. Deux ans après, la voici qui débarque en Mayenne, où, au sein de l’association Atmosphères 53, elle assure la programmation de deux salles (Gorron et Évron) et anime le réseau des dix cinémas que compte le département. « La Mayenne est un très bon exemple de la densité exceptionnelle en salles dont la France bénéfice. Des communes rurales comme Saint-Pierre-des-Nids, Renazé ou Le Bourgneuf sont équipées de cinémas, très souvent portés par des équipes bénévoles, que nous tâchons d’accompagner et soutenir ».

Lieux de vie

Lieu de sortie et de sociabilité, les cinémas sont des lieux de vie, qu’Atmosphères s’ingénie à animer via de nombreux débats, rencontres, discussions… Toutes les projections du Festival du film judiciaire ou des Rencontres cinéma et santé, organisés par l’association, sont suivies d’une rencontre avec un juriste, médecin, journaliste, etc., venant éclairer ou prolonger le sujet du film. La quarantaine de longs métrages proposés dans le cadre des Reflets du cinéma, festival phare de l’asso mayennaise, est aussi enrichie par un vaste programme de rencontres, ateliers, expos, concerts, etc.

La prochaine édition du festival, du 17 au 28 mars, explorera l’immense filmographie des six pays bordant la mer Noire. Une « destination » qui se prête particulièrement aux prolongements, offerts tant par la richesse culturelle de cette région du monde, que par l’inquiétante actualité qui la place à la une des médias ces derniers mois.

Audrey travaille à la programmation de cette édition depuis plus d’un an et demi. À raison de plusieurs films par semaine, qu’elle regarde le soir ou le week-end. « On pourrait penser que je passe mes journées à visionner des films. J’aimerais bien, sourit-elle. Mais entre le management de l’équipe, la prog des salles, l’animation du réseau départemental, la logistique, l’administratif, etc., il me reste peu de temps ». Avec ses trois festivals, ses nombreuses actions d’éducation à l’image (plus de 30.000 enfants et adolescents touchés par an), la petite équipe d’Atmosphères (5 salariés et 80 bénévoles actifs) abat un boulot impressionnant. « On ne lâche rien ! ».

Playliste
1- Nina Simone – Sinnerman  
2- Bonga – Balumekeno  
3- Pink Floyd – Set the controls for the heart of the sun 
4- Harry Belafonte – Jump in the line  
 

Chaque premier jeudi du mois à 21h sur L’autre radio, Tranzistor l’émission accueille un acteur de la culture en Mayenne : artiste, programmateur, organisateur de spectacle… Trois fois par an, Tranzistor part en « live » pour une émission en public. Au programme : interviews et concerts avec deux ou trois artistes en pleine actualité.

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