C’est bel et bien d’la balle : l’album rebelle que notre bon bandit de Babel déballe avec sa bande déboîte. Grande gueule gouailleuse, l’animal sait tchatcher comme un MC, slame ou déclame avec flamme son verbe. Et l’abondance, la finesse et l’originalité de ses jeux de mots feraient pâlir la fine équipe de Tranzistor, grande amatrice de calembours. Babel sait aussi mettre ses mots légers et simples au service de doux chants poétiques et autres envolées lyriques, aux intonations rappelant les désirs noirs d’un certain Bertrand C. Quant aux thèmes exposés, c’est autant de tableaux à visiter : la fuite haletante de « L’évadé », la colère du « Petit rossignol » des cités, prêt à replonger, un hip hop des toutous qui n’est pas sans rappeler la touche du groupe Java, et ce véritable morceau de bravoure qu’est « Mai slamante-huit », un clin-deuil heureux, une variation complètement débridée sur la révolution soixante-huitarde.
Cette diversité fait du bien, il y a à boire et à manger, un véritable festin. Tout ceci ne fait que confirmer le talent déjà démontré en solo par cet auteur-compositeur-interprète. LA grosse nouveauté, c’est la formation en quartet. La texture sonore a sacrément pris corps, enrichie des jeux subtils du violoncelle, du piano, des gratounettes et de l’apparition de samples & scratches ponctuant les récits. Appuyée par des boucles pianistiques, des beats hip hop old school voir du beatbox, les rythmiques sont globalement dansantes et chaloupées. Cette nouvelle identité sonore donne du relief aux rimes, allitérations et autres associations d’idées foisonnantes. Un nouveau cap est franchi et le résultat mérite le détour.
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