Douceurs groovy avec Better than fine, immersion en eaux post-rock avec Moojigen et poésie rock fiévreuse avec FerdinantTranzistor l’émission a joliment fait vibrer le décor rococo du beau théâtre à l’italienne de Mayenne.  

 

Faire en sorte que l’on se « sente mieux que bien », c’est la touchante ambition qui anime Better than fine, premier invité de cette émission live. Face à la morosité ambiante et la mochitude du monde, ce quartet « au service du feel good » oppose sa fraicheur, « son envie de se faire plaisir et de faire plaisir ». Ainsi témoigne Alice Stevens, l’initiatrice de ce projet, actif sous sa forme actuelle depuis près de 2 ans. Très à l’aise sur scène, la chanteuse rayonne d’une énergie contagieuse et d’un naturel évident. Refusant de choisir entre français et anglais, les textes qu’elle signe exorcisent, pour mieux les combattre, les peurs, peines et épreuves auxquelles nous confronte parfois la vie.  

Oscillant entre graves chaleureux et aigus vibrants, son chant prend souvent des accents funky. Balades soulful ou envolées uptempo menées tambour battant… Le groove irrigue tout le répertoire du quatuor. Les lignes smooth et jazzy de la Fender Precision bass de Fabrice emboîtent impeccablement le pas au drive solide et ultra efficace de la batterie de Charly. Le tout ambiancé par les cocottes funky de la guitare inventive d’Olivier, compositeur et pierre angulaire du groupe. Un live « mieux que bien » donc, pour ne pas dire plus-que-parfait ! 

 

Avec Moojigen, on quitte les planches du dancefloor pour une plongée en eaux profondes (ça n’est pas pour rien que son premier album s’intitule Father’s sea). Une expérience physique et sonore, immersion dans un monde aquatique et mouvant, où l’auditeur flotte, en apesanteur, voguant loin de tout repère temporel ou stylistique, bercé par les flux et reflux d’une musique qui s’écoule comme une matière liquide, fluide et organique. Au loin, on semble entendre le chant, mystérieux et envoûtant, des baleines. Difficile de croire que ces flots sonores émanent d’un seul instrument, et qui plus d’une guitare presque centenaire, une antique Epiphone de 1936, dont Yuichiro Maeda, alias Moojigen, sculpte le son au moyen d’une myriade (près d’une trentaine) de pédales d’effets et de loop, qui lui permettent de métamorphoser et démultiplier sa musique à l’infini.  

Ultra calme et concentré, le guitariste manœuvre ce dispositif avec une précision et une dextérité virtuoses, tissant des textures sonores à la pureté cristalline. Né à Osaka au Japon, ce néo-mayennais s’est installé en 2021 dans la campagne au nord du département, avec sa femme, Clara. Violoniste, celle-ci le rejoint sur le deuxième et dernier morceau de son live, pour un final en apothéose. Tsunami sonique à la fois tumultueux et élégiaque, dont on ressort comme d’un bain rituel japonais : purifié, zen et apaisé. 

 

Depuis son passage en 2022 dans l’émission live, Ferdinant a encore grandi. Sur disque (le duo vient de sortir son premier album, le bien nommé La belle histoire) comme en live, les deux musiciens, complices depuis près de 12 ans, ont pris de la carrure et une belle stature. Très assuré sur scène, Timothée joue de l’intensité de sa présence, impose son chant au vibrato puissant, se livre sans retenue, va au contact du public, direct et spontané. Puisant dans sa vie intime comme dans notre société malade, les textes de ses chansons vibrent de l’urgence qui l’anime, de son besoin vital de « dire », de libérer aussi la colère sourde qui gronde en lui. Poétiques et bruts à la fois, ses mots laissent volontairement l’espace à l’auditeur de s’inventer sa version de l’histoire. Hyperactif sans jamais se défaire de son indéfectible coolitude, son binôme, Corentin, saute de la batterie aux machines, de la guitare au clavier. Mixant énergie rock abrasive, évidence pop et puissance électro, l’efficacité imparable de ses compos confirme ses talents de mélodiste et d’arrangeur.  

Surprise du chef, le tandem livre une relecture aussi renversante qu’improbable de « Macumba » de Jean-Pierre Mader. Démonstration supplémentaire, si cela était encore nécessaire, de la maturité artistique du duo, qui s’approprie complètement ce tube usé jusqu’à la corde pour lui insuffler une force nouvelle et une actualité brûlante. Sur cette version hantée et crépusculaire, on danserait volontiers tous les soirs.

 

Une émission proposée par Mayenne Culture, en partenariat avec Pampa ! , L’Autre radio et L’Œil Mécanique.

 

Chaque premier jeudi du mois à 21h sur L’autre radio, Tranzistor l’émission accueille un acteur de la culture en Mayenne : artiste, programmateur, organisateur de spectacle… Trois fois par an, Tranzistor part en « live » pour une émission en public. Au programme : interviews et concerts avec deux ou trois artistes en pleine actualité.

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