Deuxième jour en compagnie de nos trois beaux éléphants. On repart avec vous pour quelques morceaux subjectivement choisis d’une édition 2014 qui a envoyé du petit bois !

Il est 16 heures passées de quelques bribes quand je rentre dans une chapelle. Un peu à l’inconnu, je me retrouve dans une très belle salle – la chapelle Ambroise Paré quoi – où vibre un son bien rock progressif. Celui de Matthieu Malon, accompagné de son guitariste Sébastien. Les deux comparses ont l’air d’avoir quelques kilomètres au compteur. Et leur musique, chantée en français devant une trentaine de mélomanes, plaît, un peu. C’est une découverte, Matthieu Malon. Ce showcase, tout proche du marché du disque et donc de ce nouveau volet du festival, « Les 3 Éléphants se font label », c’est le genre de choses bizarres et inattendues que savent nous offrir les 3 Éléphants. Et Matthieu Malon de finir, précisant bien que « le lieu n’est pas très approprié, ici », par un beau et ultime morceau, dernier titre de son nouvel album : la messe est dite. On regrettera la tablette tactile et ses beats électroniques.

 

17h20. Il commence à pleuvoir. Mais on s’en fout. Samba de la muerte est là, sur la scène du Village. Instant suspendu, on décante (longue soirée hier), et on se dit, vite, que ça va être parfait en cette fin d’après-midi. Pop transcendante, on en oublie cette eau tombée du ciel. Les quatre Caennais ont l’air heureux d’être là. Ça tombe bien, nous aussi. Folk lunaire, choeurs acides et fulgurances electro. C’est Bon Iver qui rencontre Fleet Foxes pour un voyage électronique. Tiens, un flight case siglé « Concrete Knives/The Dancers/Samba de la muerte » qui traîne sur scène. Pas étonnés. Ils font partie de cette même famille, qui renouvelle discrètement mais sûrement la pop à la française. Ça envoie ! Cette pop brûlante, souvent planante, fait bouger les ventres. Batterie ultra réduite, guitariste-chanteur des plus charmeurs, bassiste franc et juste, chanteur lead et claviériste sur ressorts… Tiens, il pleut. J’avais oublié.« Y a 10 ans, moi, j’étais aux 3 Éléphants devant Gotan Project. Et là, on joue aux 3 Éléphants », se réjouit le chanteur. Et d’enchaîner avec le tubesque « Fire ». Et puis, je ne sais pas si la météo est dans la confidence, mais c’est là que choisit le soleil pour se montrer. Et venir illuminer le magnifique « Secret ». Belle claque, avec une fin limite transe, bien electro. Et comme ça a plu, le rappel laisse le chanteur seul sur scène : « The end », ça s’appelle. The end? dommage, on voudrait bien que ça continue. Encore.

 

19h. Translation au Patio. Après le rock sixties frais et ultra-maîtrisé de The Animen, voici Fauve, l’attendu. Ah, si l’on pouvait évaluer précisément la moyenne d’âge du public, elle serait sans doute quelque peu distincte de celle du concert de Détroit hier. Alors, pour éviter la cohue et l’hystérie, je me colle au fond de l’Arène. Et j’apprécie cette musique, à nouveau, comme je l’aimais il y a de cela un an et demi, quand Fauve débutait à peine. Il faut dire, le débit et les textes sont irréprochables de sincérité. La musique de fond aussi. Bref, moi, j’aime. Parfois d’ailleurs, on s’attache plus à la franchise des types, l’alchimie qui se dégage, qu’à la musique en elle-même, un peu répétitive et manquant souvent d’amplitude, de contrastes. Mais ouais, y a un sacré truc, tout de même !

 

22h10 sonnent, et ce sont les filles de la plage qui montrent leur bikini. Blague à part, Girls in Hawaii est là, dans l’Arène. Et pendant une heure, les Belges nous offrent LA définition du pop rock comme on l’apprécie, bouche ouverte et pieds dansants (à flanc de montagne). Finesse des mélodies, claviers subtilement amenés, guitares fondues en une vaste coulée sonique, rythmique capable de passer de 5 à 200 km/heure en moins de deux secondes… Leur dernier album, Everest, est d’une beauté insolente, et leur show, magnifiquement mis en scène (constellation d’étoiles en toile de fond), l’est tout autant. On regrettera juste de ne pas en avoir plus – pas de rappel – mais bon, ce n’est pas la quantité qui fait la qualité, non ?

 

Ah, on entend de la guitare dans l’Arène. Vite, on y file. Rodrigo y Gabriela nous y attendent. Le concert des duettistes mexicains promet d’être énorme. Nous, on en a fini avec nos saintes écritures, et on vous embrasse bien fort. Ouais, on est aussi là pour profiter du spectacle, sans mot. A l’année prochaine, chers éléphanteaux !