Peut-être en as-tu déjà fait l’expérience ? Dans ce cas, tu me comprendras si je te dis, sans serment, que lorsque je m’accorde du temps pour écouter de la musique expérimentale, j’en attends quelque chose d’impossible : qu’elle éveille mon intelligence, qu’elle sublime le silence, avec une tendance profondément spirituelle (mais pas trop). Et puis souvent, ça se transforme en rêverie (avec le sentiment d’être un peu passé à côté de la musique après) ou parfois très vite en ennui (quand il y a trop de ténèbres dans l’esprit de l’artiste). Dans Cette île mon corps – disque terrible parfois, mais toujours plaisant -, on avance sans miracle de bienheureux, donc. Désillusionné, oui mais avec joie, amusement, caresse, et la volonté – qu’impulse cette musique – de combattre l’autorité d’un monde vulgaire. Sons concrets, paysages sonores, guitares manipulées, l’album comporte deux longues compositions : « Vacío » (vide en espagnol) et « Réminiscence », pensées pour être jouées en live et donc interprétées en temps réel.
Au concert que le duo lavallois a donné lors de la dernière édition des 3 Éléphants, le mélancolique riait un peu, le simple ne se fâchait pas, l’expert était admiratif, le sceptique n’était pas méprisant… J’étais un peu toutes ces personnes à la fois, reconnaissant pour ce regard généreux porté sur le monde, et opportunément gravé sur disque par Warm, magnifique et exigeant label indépendant dédié à la musique électronique et expérimentale.
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