J’ai marché un peu le long de la plage, et laissé derrière moi le noir de ces jours improbables à user le gris macadam. Accoudée au Combi Split 1963, plantée dans ses bottes et son Perf’ un peu râpé, Mary Daisy Jane me suivait du regard… Un peu plus tôt, elle était partie sur sa Triumph Thruxton explorer les grands espaces, un peu comme une certaine Melody à une autre époque…
Road movie imaginaire, sorte de voyage intérieur… Le nouvel album de Mael évoque la cavalcade d’une certaine Mary Daisy Jane, lointaine descendante de Calimity Jane. Enregistré et arrangé avec talent par Romuald Gablin, ce western moderne, entièrement instrumental, convie quelques invités de marque : les musiciens de Bajka, Paul Faure, Thomas Poli de Montgomery… Au fil de ce recueil d’histoires surfant sur des vieux clichés polaroids et des banjos rouillés, on se balade dans un Paris façon Jeunet, on rejoint une fête de village serbe aux accents « Kusturiciens », ou l’on hume l’air des grands espaces américains façon Sergio Leone. Parfois, c’est suave, heureux, ça sent l’enfance et les madeleines. D’autres fois, c’est corsé, âpre, grinçant, triste… Mais toujours cohérent, harmonieux et recherché.
Une belle surprise donc, que viennent prolonger avec justesse les mots de l’écrivain Éric Dauzon et les photos de Christophe Frénelle dans un joli livret 16 pages. Après deux disques distribués nationalement et quelques années de silence, Mael reprend la route, avec pour bagage cet album cousu d’or. À écouter en boucle.
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