Tranzistor l’émission se pose au Théâtre des Ursulines à Château-Gontier. Au programme de cette émission live : refrains pop addictifs avec The Soft Drug, uppercuts rap avec Ghis et rock voyageur avec ROADS.
Dès l’intro, parfaite entrée en matière, The Soft Drug donne le ton. Il est loin le temps (c’était il y a 11 ans…) où le trio de lycéens faisait ses premiers pas sur les scènes du 5.3. Ce 11 mai 2023, sur le plateau du Théâtre des Ursulines, les Lavallois déploient un son ample, précis et puissant. Derrière la maîtrise sonore et l’aisance scénique des trois musiciens, on devine l’expérience acquise en plus d’une décennie, ainsi que les nombreuses heures de résidence qui ont précédé la sortie, en avril dernier, de leur dernier ep, We won’t fade away. Libérés de leur instrument et des contingences techniques, ils vivent et interprètent leur musique à fond, emmenés par le charisme de Maxence, guitariste et chanteur du groupe.
Un souffle épique traverse leurs chansons, sans qu’elles ne se départent jamais de leur simplicité et de leur évidence mélodique. Claviers et séquences électroniques se mêlent avec naturel au son du power trio rock. Taillés pour soulever les foules, leurs refrains sont portés par une sensibilité à fleur de peau. L’amour, la solitude, la peur, la différence…. « Depuis nos premiers morceaux, on a beaucoup écrit autour de sentiments, de peines, d’émotions profondes par lesquelles on passe tous, raconte Maxence.. Les chansons de notre dernier ep dessinent par exemple le parcours d’un homme au travers de différents prismes : la peur de la mort, de l’abandon, le fait de ne pas être compris… « .
Née à la création du groupe, l’amitié qui unit les trois musiciens n’a cessé de croitre au fil des années. Leur partage du chant illustre bien cette complicité : Till et Augustin assurent de nombreux chœurs et assument même le chant lead sur certains titres. Leur cohésion et leur plaisir manifeste à jouer ensemble constituent les puissants principes actifs de leurs hymnes pop doucement addictifs.
18 ans et cinq concerts dans les gants : peu expérimenté en live, Ghis ne boxe pas pour autant en catégorie débutant. Seul sur le grand ring des Ursulines, il épate par son assurance et sa sérénité. Flow fluide et technique, placement rythmique impeccable, justesse sans accroc lorsqu’il alterne (souvent) rap et chant… Il enchaine les punchlines, qui font mouche à chaque touche.
Nouveau venu sur la scène rap locale, le jeune rappeur en a sous la pédale. Musicien depuis qu’il a 7 ans, choriste à ses heures, Ghis commence à écrire à 13 ans. Au collège, il remplit ses heures de perm en vidant son sac sur une feuille de papier. Depuis, confie-t-il, « cela fait quasiment six ans que je fais plus que ça » : noircir ses cahiers, écrire encore et encore dans la solitude de sa chambre d’étudiant. L’amour, l’amitié, le rêve de percer dans le rap game… Avec juste ce qu’il faut d’égo(trip), il parle de sa life sans jamais se la raconter. Souvent, chez lui le texte précède la musique et nait d’une émotion, d’un moment vécu. « J’écris de manière très instantanée. C’est ce que je vis, les émotions que je traverse qui déclenchent l’écriture. Il y a des jours où je vais écrire trois textes d’affilée. Puis des semaines où rien ne vient ».
Des productions musicales au clip en passant par l’enregistrement, le rappeur a été accompagné par l’association castro-gontérienne le Lab’Haut dans la réalisation de son premier EP, prévu pour juin. Ce « disque », uniquement diffusé en streaming, Ghis le voit comme une première étape. Un premier jalon dans son parcours qui, on lui le souhaite, le verra un jour évoluer en catégorie poids lourds !
Le premier impact est visuel. Dans la pénombre, se découpent les silhouettes des musiciens de ROADS. Barbes, rouflaquettes… Les membres du quintet castro-gontérien ont le poil rebelle et des « gueules » rock’n’roll. Alors que leur registre musical pourrait renvoyer à quelque chose d’introspectif et statique, le groupe accorde une importance centrale à la dimension scénique de ses lives. Dans le cadre du Grand Atelier, dispositif d’accompagnement initié par Pampa! à Mayenne, ils bénéficient d’ailleurs depuis quelques mois des conseils scéniques d’un expert en la matière, Sébastien Rousselet, chanteur du duo Rouquine.
Accompagnement, enregistrement, dates à la pelle ce printemps… L’aventure ROADS a déjà fait du chemin depuis son démarrage, il y a près d’un an et demi. « Nous ne nous étions pas fixés d’objectifs, s’étonnent presque Jordane et Arnaud, tous les deux chanteurs et guitaristes au sein du groupe. Au départ, ROADS, c’est d’abord un prétexte pour se retrouver entre potes. Les choses se sont enchainées de fil en aiguille ».
Et voici désormais le quintet heureux papa d’un premier EP, enregistré avec Thomas Ricou et sorti uniquement en vinyle, le jour même de l’émission ! Un support complètement raccord avec l’esthétique « analogique » du projet. À la perfection lisse du numérique, nos cinq quadras préfèrent le grain des guitares vintage et la chaleur des amplis à lampes. Le choix du vinyle est aussi raccord avec les influences que cite le groupe, du rock aérien et psychédélique de Pink Floyd au krautrock tellurique de Can.
Ultra-référencée et ne se fixant aucune limite en termes de durée comme de structure, leur musique possède une identité cohérente et déjà bien affirmée, une mécanique bien rodée où s’imbriquent une batterie métronomique, d’obsédantes guitares bourrées d’effets, un clavier robotique et des voix que l’on dirait hantées par le fantôme de Ian Curtis (Joy Division). Le contexte idéal pour les écouter ? En voiture, de nuit, le son de l’autoradio à fond la caisse !
Une émission proposée par Mayenne Culture, avec Le Carré, scène nationale – centre d’art contemporain, en partenariat avec L’Autre radio et L’Œil Mécanique.
Chaque premier jeudi du mois à 21h sur L’autre radio, Tranzistor l’émission accueille un acteur de la culture en Mayenne : artiste, programmateur, organisateur de spectacle… Trois fois par an, Tranzistor part en « live » pour une émission en public. Au programme : interviews et concerts avec deux ou trois artistes en pleine actualité.
Partager sur les réseaux sociaux