Les mecs sont tellement insupportables lorsqu’ils s’emparent d’une guitare, et la gente féminine se fait tellement rare au royaume testostéronée du rock’n’roll, qu’on ne peut que se réjouir de voir débarquer un groupe de filles (cinq pour être précis), six cordes en bandoulières. Attention il ne s’agit pas d’être complaisant, cela ne serait pas très galant. C’est donc en toute sincérité que je l’écris : les Magyan ont quelque chose. Un truc qui n’appartient qu’à elles et qu’aucun mec (ni aucune fille) ne fait de la même façon. Ce quelque chose tient sans doute à la belle unité de leur collectif, au sens mélodique de leur écriture, à la cohérence de leur univers et à la beauté de leurs harmonies vocales.
Sur ce second disque(déjà !), les textes comme les mélodies se font sombres et graves. Très pop et d’une élégance classique (une dimension renforcée par l’utilisation omniprésente du piano), les chansons de Fûzen no tomoshibi s’étirent (certains morceaux atteignent les sept minutes) et osent parfois sortir des schémas classiques couplets/refrain. Mais si nos amazones aiment prendre des risques, elles ne vont pas toujours aussi loin qu’on le souhaiterait. Comme si elles voulaient trop bien faire, dissimuler leur fragilité, leur manque de technique… derrière des chansons un peu trop lisses, trop polies. Policées. Cela manque parfois de fêlures, de stupeurs et tremblements. Peut-être un peu précoce (?), mais agréable et construit intelligemment, ce bel album laisse cependant présager d’un bel avenir.
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