Laval, ici Laval. Attention à la marche en descendant du train. Musiciens sur scène ou acteurs en coulisses… Ils ont posé leurs bagages en Mayenne. Rencontres avec quelques nouveaux visages du paysage musical local.
Kévin Douvillez est co-directeur du festival Le Chainon Manquant depuis 2014. Signe particulier : pur Breton monté à Paris faire ses armes et qui adore Laval.
C’est ce genre de mec qui éteint les lumières au bureau. Boulimique de boulot. Kévin Douvillez, c’est un garçon rêveur devenu un homme qui ne doit pas dormir beaucoup la nuit, si l’on en juge par ses multiples activités, du Chainon au festival Mythos, du Brive festival à la boîte de production qu’il a créée.
Marche arrière. Né à Brest, il y a 39 ans, il grandit à Rennes. Puis, à Quimper. Au lycée, c’est un ado qui a le nez collé à la fenêtre. Vue immobile sur le ciel. « La musique m’a sauvé. Elle m’a permis de me construire », glisse ce chauve qui a eu sa période punk, rock alternatif… Après le bac, il entame des études en archéologie et en histoire de l’art. Puis monte à Paris en 2000. Kévin Douvillez y fait un stage dans une boîte de production audiovisuelle, Morgane Production, spécialisée en musique et en culture, notamment dans la captation de grands festivals.
Là, Kévin Douvillez se fraye un chemin dans les embouteillages du spectacle vivant. Il passe d’assistant de production à producteur délégué. Il évolue vite et bien. Et devient même parallèlement chef de rédaction de contenu. En 2004, Morgane Production rachète Les Francofolies de La Rochelle, qui programme 130 artistes par édition. L’année suivante, Gérard Pont, le PDG, confie à Kévin Douvillez la production, puis la direction artistique de l’événement. Un poste central. Son rôle : « dénicher des talents pour les positionner. Pendant trois ans, j’ai écouté tout Myspace pour faire un inventaire de ce qui existait dans le paysage musical en France », raconte-t-il. Et chaque soir, il assiste à entre trois et cinq concerts. Il repère Zaz, flaire Christine and the Queens.
Les années passent. Au bout de sept ans, Kévin Douvillez se lasse. À 35 ans, il a besoin d’un nouveau défi. En 2012, il présente sa démission, et crée sa propre boîte. Avec le recul, il avoue avoir « morflé un peu pendant deux ans ».
Il continue de faire de la programmation, pour le festival Mythos à Rennes et pour le Brive festival. En 2013, il prend des parts dans La Familia, une boîte de production parisienne. L’année suivante, il apprend que Le Chainon Manquant cherche un co-directeur. Il postule. « J’avais envie de m’ouvrir aux systèmes de réseaux, de revenir à quelque chose d’artisanal et pluridisciplinaire. » Il décroche le job. Son rôle ? « Être un intermédiaire entre les salles de spectacle et les artistes. » Cela passe par la sélection d’artistes, la découverte de spectacles inédits. 250 programmateurs viennent « faire leur marché » au festival qui se tient à Laval. 70 spectacles y sont présentés.
Ce passionné endurant voit entre 600 et 900 spectacles par an. « Il faut voir beaucoup de matière pour voir ressortir les beautés, les pertinences. » Son œil critique s’est aiguisé. Les évidences s’imposent à lui rapidement. À la SNCF, il a la carte « grand voyageur ». Il sillonne la France en train. Le nez toujours collé à la fenêtre. Sauf que là, la vue est mobile. Elle défile à l’allure de son esprit.
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