Paul Faure joue solo pour ce disque : solo dans l’écriture, solo au piano, solo à la prise de son. Mais ne pouvant pas tout à fait rester seul, il fait appel à ses amis pour une seconde de percussions, une touche de dessin, des voix d’enfants… Le disque qui en résulte est infiniment personnel : on retrouve ce qu’on aime dans les concerts de Paul Faure, une musique qui n’est qu’à lui. Son piano, c’est déjà Paul, celui qu’il a choisi entre cent parce qu’il savait chanter sous ses doigts : le grave se fait discret, charmeur, les aigus lumineux et cristallins, magnifiés par une prise de son à fleur de cordes, favorisant la confidence. Ses compositions aussi donnent dans l’intime : on est parfois troublé par cette musique qui nous livre le plus personnel de l’univers de son auteur. Le chant, la mélodie priment, s’expriment sur une base harmonique dépouillée, inscrite dans une rythmique économe et discrète.
Entre les morceaux, un espace s’ouvre le temps d’un solo de percussions ou d’une parenthèse bruitiste, comme si l’on ouvrait un moment les yeux sur le monde qu’on avait oublié, ou regardait par la fenêtre la vie continuer.
F’âme est court, trop court. On se laisse porter de plage en plage, emmené malgré soi sur une route qui mène sans doute nulle part, ou plutôt nous ramène à notre point de départ. Mais il se produit le long de ce chemin une étrange transformation, lente et douce. Ce disque est un périple intérieur, sonnant tantôt comme une onirique invitation au voyage, tantôt comme un doux et douloureux voyage d’hiver.
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