Nous les avions découverts lors de l’édition 2011 du tremplin Émergences, un groupe singulier, moins par sa forme que par les compositions qu’il pouvait proposer. Les quatre membres de Puzzle ont depuis peaufiné leurs morceaux pour livrer cette matière sur un EP trois titres. Juste une mise en bouche ? Non, trois morceaux instrumentaux d’une ampleur et d’une énergie à faire pâlir bien des albums, leur durée approchant souvent le quart d’heure.
Au départ, les armes sont pourtant classiques, guitares-basse-batterie, mais le quatuor les fait se fusionner en kaléidoscopes sonores, inventant des univers musicaux foisonnants, propices aux voyages immobiles. Portées par une rythmique parfaitement en place, les vibrations électriques de Nothing but the rain tissent des mosaïques complexes et en constante mutation. La force de ces trois titres résidant sans doute dans leur capacité à déployer progressivement leur mélodie, ne lâchant que par bribes leurs accès de fureur, alternant les zones d’ombres et de lumière. On peut parfois y entendre résonner les accents post-rock de Godspeed You ! Black Emperor. C’est que la formation lavalloise partage avec le groupe de Montréal un goût prononcé pour les ambiances tourmentées, comme sur « Pièce 6 », une atmosphère d’abord trouble, surlignée par l’utilisation des larsens, se terminant en volutes déchirantes.
La seule crainte des musiciens de Puzzle est peut être d’entendre un jour : « Mais sinon les gars, vous auriez un titre au format radio ? ». À cela, ils répondront certainement qu’il n’est aucun format qui tienne lorsqu’on parle d’exploration musicale.
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