Bretelle & Garance ont la joie de vous annoncer la naissance de leur nouveau spectacle : Tout ce qu’on a. Genèse de la dernière fantaisie chantée du duo, qui trouve dans son quotidien sa source d’inspiration majeure.
Lundi 2 septembre, Laval, quartier du Pavement. Pour Lise Moulin et Vincent Ruche, alias Garance et Bretelle, l’heure de la rentrée a sonné. Dans un mois tout pile, ils seront sur scène. Tous deux viennent de poser leurs valises à la Grande Surface pour trois semaines de répétition. Dans ce lieu de création mutualisé, un vaste plateau leur permet de peaufiner leur nouveau spectacle. Avant d’être accueillis 10 jours en résidence à Cossé-le-Vivien, dans le cadre du festival Les Embuscades, où ils donneront la première.
« C’est la dernière ligne droite… Le stress commence à monter ! », reconnaît Vincent, un café à la main. De son côté, Lise se replonge dans ses textes. « On les connaissait par cœur avant l’été. Il va falloir se les remettre dans les pattes ! » Uni à la ville comme à la scène, le duo travaille cette création depuis plus d’un an, alternant périodes d’écriture, résidences, seuls ou avec différents complices, artistes et techniciens.
« Pas évident de dire quand le projet a démarré, note Lise. Les textes les plus anciens datent d’environ trois ans. Je n’ai pas écrit spécifiquement pour le spectacle, les chansons viennent au fil de l’eau. Le besoin d’écrire précède la commande. Dans ces moments-là, j’ai besoin de m’isoler, loin de ma famille. Il faut que je me coupe du monde. »
C’est en revenant d’un atelier d’écriture, il y a deux ans, que tout s’est enclenché. « J’avais rédigé un texte au masculin. Je savais qu’il n’était pas pour moi, raconte Lise. Je l’ai montré à Vincent, et il lui a beaucoup plu… On s’est dit que c’était peut-être le moment de repartir sur une nouvelle création. » Vincent complète : « chez nous, l’envie d’un nouveau spectacle vient souvent, non pas de la lassitude de jouer l’ancien, mais du désir d’explorer de nouveaux univers, d’ouvrir de nouvelles thématiques ».
Quelque temps plus tard, Lise fait l’inventaire des textes dont elle dispose. Après la rencontre amoureuse puis la vie de couple – les fils conducteurs de leurs précédentes créations – une nouvelle thématique se dégage : le bonheur ! « Bretelle & Garance, c’est nous, explique Vincent. Ces personnages sont notre prolongement. Et leurs chansons parlent de nos problématiques quotidiennes. Inversement, elles influencent aussi parfois notre vie : travailler sur la question du bonheur nous conduit forcément à réfléchir au nôtre. »
Friction fertile
À partir des textes de Lise et des mélodies qu’elle lui suggère, Vincent se charge de la musique et des arrangements. Suit alors un travail en allers-retours entre le duo, pour aboutir à une maquette qu’il enregistre, pour la fixer, dans son home studio. Dans ces moments de création, « il peut y avoir des instants de tension, mais il y a aussi beaucoup de joie. De plus en plus. Quand on a commencé à travailler ensemble, il y a 15 ans, on était très enthousiastes, mais on s’engueulait beaucoup. Pour créer, qui plus est en duo, la friction est souvent inévitable, et fertile. »
Au final, le dernier-né de notre duo lavallois, décalé, mais moins burlesque que les précédents, laisse une large place aux voix – « on a eu envie de chanter davantage tous les deux » – ainsi qu’aux machines et sons synthétiques. « Parce que c’est ce type de sons que m’inspiraient les chansons », observe Vincent. « À chaque nouveau spectacle, on se construit un terrain de jeux qui nous correspond. C’est à chaque fois différent, mais notre univers est toujours là. On retrouve, en fil rouge, les personnages de Bretelle et Garance », poursuit Lise.
Alors qu’ils ont encore mille et un détails à caler avant la première, Lise et Vincent prennent du recul : « quand on est dedans, on ne réalise pas. Mais après coup, on se dit : c’est vrai que ces chansons n’existaient pas avant qu’on les crée ! Enfin, elles préexistaient en nous, et on a voulu que ça sorte. On ne sait pas trop ce qu’on fait sur le moment, ce que c’est… On le découvre en même temps que ça arrive. On l’adopte, on le fignole, ça devient un spectacle et puis la vie continue… Mais subsiste un sentiment de plénitude et d’accomplissement. »
Et puis, il y a le « luxe et le plaisir énorme de pouvoir se plonger corps et âme pendant plusieurs semaines dans la création d’un spectacle. Même si tout ce qu’il y a autour de la création pure peut nous parasiter : la diffusion, la communication, la production, les costumes… C’est aussi nous qui gérons tout ça ! » Pas étonnant qu’ils reconnaissent avoir parfois un peu de mal à faire la coupure avec Bretelle & Garance, quand ils rentrent chez eux. « Heureusement, il y a quelqu’un qui nous aide bien, à ce niveau-là : c’est notre fille ! »
Article paru dans le dossier « Attention : artistes en création ! » du numéro 67 du magazine Tranzistor.
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