Puisqu’il en va des aventures musicales comme de n’importe quelle aventure humaine, les membres de Rotters Damn ont dû se jouer des quelques coups du sort qui ont jalonné la genèse de cet ep : une panne informatique puis un vol d’ordinateur ont bien failli empêcher sa concrétisation. Et il aurait été vraiment dommage qu’on ne puisse pas profiter de ces cinq titres, sauvés des eaux numériques. Ce qui frappe d’abord à l’écoute, c’est la maturité dont font preuve ces quatre-là, aussi bien sur le plan de la construction des morceaux, cohérents et accrocheurs, que de la voix du chanteur, profonde et maîtrisée.
Départ en gare, sur « In the highway », la rythmique trouve son écho dans le souffle rauque d’une vieille loco. Les Rotters Damn se lancent à toute allure sur ces rails musicaux. Ils disparaîtront bientôt à l’horizon, entraînés par cette mécanique brûlante. Guitares et batterie impeccables, choeurs bien sentis et variations de tempos ad hoc, ils semblent d’ores et déjà posséder tout l’attirail pour composer de belles ballades aux parfums d’ouest américain. Si l’on pouvait craindre, après ces promesses, que leur musique ne dépasse pas le cadre étriqué d’un folk-rock soigné, ils prouvent que leurs compositions sont bien plus complexes avec « Silly Rose » et surtout « Kora Boy ». Deux titres habités et rageurs. De ceux que l’on écoute mâchoires serrées, et dont on attend, tendu, l’issue incertaine. La machine ayant libéré sa pression, nous n’avons plus qu’à profiter du voyage, vers une prochaine étape inconnue, mais déjà désirée.
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