Que lisent-ils ? Regardent-ils ? Écoutent-ils ? Comment la crise sanitaire a impacté leurs habitudes ? En résidence en Mayenne de janvier à novembre 2020, le photoreporter Arnaud Roiné a posé ces questions à une quinzaine de jeunes, de 7 à 19 ans, ainsi qu’à une dizaine d’adultes : enseignants, libraires jeunesses ou artistes intervenant en milieu scolaire.
Une série interrogeant le lien des jeunes à la culture, dont cet article est extrait.
Antoine
Chargé de la médiation et de l’action culturelle au centre d’art contemporain Le Carré, scène nationale, à Château-Gontier-sur-Mayenne.
« La chapelle du Genêteil est un lieu d’exposition d’art contemporain. Le public jeune est là pour découvrir, se poser des questions, mettre des mots sur son regard. Le lieu en impose aussi. Dans la chapelle, les jeunes visiteurs sont en dehors du temps, cet espace est propice à la contemplation et à la réflexion. Ça les met dans un état d’esprit particulier. La réaction qui revient toujours, c’est la nouveauté, la découverte ; ils sont tous étonnés et surpris quel que soit leur âge. Hors cadre scolaire, c’est beaucoup plus compliqué. S’ils ne viennent pas avec les parents, je ne les vois presque pas. Et pourtant nous sommes juste à côté d’un lycée. Pour moi, la médiation c’est avant tout un enjeu d’éducation. Il faut former les visiteurs de demain. En allant dans les écoles, on propose de l’art à une majorité de jeunes. Ensuite, ça prend ou ça ne prend pas, mais les interventions scolaires permettent de toucher tous les élèves de la même manière. Ce lieu est fait pour tous, sans discrimination. Évidemment qu’un enfant de 3 ou 4 ans n’aura pas la même approche qu’un étudiant des beaux-arts, mais en venant ici, ils découvrent. Il ne s’agit pas de tous en faire des fans d’art mais ils auront fréquenté un lieu d’expo, ils auront eu cet accès là à un moment donné.
Le plus important c’est de former le regard, les esprits ; il faut faire rêver aussi, il n’y a pas que la nécessité d’apprendre. Je l’ai beaucoup ressenti cette année avec la Covid, l’envie de s’échapper, de se divertir, de penser à autre chose. Trouver dans le centre d’art un moment suspendu à l’abri d’un contexte hors norme et la gourmandise de voir des choses en vrai. »
Article publié dans le hors-série Les jeunes et la culture. Regards et préjugés du magazine Tranzistor, paru en mars 2021.
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